16 Avril 2010
La contrefaçon au XIXe siècle
© Copyright, Alexandre Boulet, tous droits réservé 2010
Bibliothèque et archives nationales du Québec, BAnQ, a conçu une
nouvelle exposition gratuite qui bat son plein du 13 avril au 28 novembre
2010. L’exposition passe en revue l’historique de la contrefaçon de la
littérature française par les Belges qui désiraient une littérature bon
marché. Elle explique les bons et les mauvais côtés et la manière qu’elle
a favorisé l’émergence de la littérature française dans le Québec du XIXe
siècle.
J’ai adoré l’exposition sur la naissance des éditeurs québécois durant la
Deuxième Guerre mondiale. C'est pourquoi je me suis dirigé avec hâte et une
certaine effervescence à cette nouvelle exposition. Arrivé à la bibliothèque, je
me rends au fond du premier étage où se trouve une vaste pièce close et
protégée; me voilà rendu à la Collection nationale. Je rentre et je vais porter
mon manteau et mon sac dans le vestiaire prévu à cette fin; je suis prêt pour
l’exposition. Je m’attendais à une grande exposition comme cette dernière sur
les éditeurs québécois et l’effort de guerre. J’ai été déçu en m’apercevant
qu’elle n’avait pas la même envergure. Elle était même plutôt petite. Petite,
mais riche en information.
Au début des années 1814, la contrefaçon est légale et même pratique
courante, car la loi ne protège pas les auteurs et les éditeurs à l’extérieur des
frontières de leur pays. Les Belges profitent de cette situation et reproduisent
les livres français pour leur propre marché et le marché hollandais. Guillaume
1er réalise que ce marché constitue une bonne manière de renflouer ses
coffres. Il encourage donc l’exportation de ces livres à travers l’Europe. Le
monde littéraire français s’insurge contre cette pratique vicieuse. Dans ses
heures les plus sombres, on peut lire un texte provenant de « La revue de
Paris » qui s’attaque avec véhémence à cette pratique. Voici l’extrait tiré de la
revue que l’exposition met en lumière. « Ce peuple à l’affût de toutes les
nouveautés parisiennes qu’il imprime à vil prix sur du papier à sucre avec des
fautes sans nombre, ce peuple qui est la ruine matérielle de notre littérature ».
En 1845, la contrefaçon commence son déclin. Les éditeurs belges pullulent à
cause du faible coût de la production de tels livres. Ils se livrent alors, à une
concurrence commerciale malicieuse allant jusqu'à vendre leurs livres en deçà
du prix coutant. Les libraires français en profitent pour enfoncer le clou dans le
cercueil et vendent leurs propres livres au même prix que les éditeurs belges.
Au lieu des clients, c’est la faillite qui frappe maintenant aux portes des libraires
belges. La Belgique assiste à une véritable autodestruction de leurs éditeurs
avec les libraires français jouant les bourreaux. Mais la raison principale de
leurs déclins est idéologique avant d’être économique. Le peuple belge devint
dégouté de cette pratique qu’ils considéraient comme immorale et illégale en
plus de nuire à l’éclosion d’une littérature qui leur serait propre.
Même si la contrefaçon n’est pas acceptable dans son sens moral, du bon en
est sorti. Elle a permis la propagation de la littérature française à travers le
monde. De plus, elle apporta au Québec une littérature que la colonie ne
pouvait pas s’offrir. Malgré la censure imposée par le clergé et les autorités
ecclésiastiques, ces livres ont trouvé preneur. C’est grâce au travail
d’importateurs courageux comme Raymond Fabre ou Octave Crémazie Rolland
et au seul libraire assez courageux pour les vendre, John McCoy. Ils appelaient
ces commerçants, les passeurs. On peut regarder certains de ces livres
contrefaits lors de l’exposition.
Cliquez ici pour savoir où se trouve la bibliothèque.
Pour tous les intéressés, veuillez noter qu'une conférence a lieu le mardi 20 avril sur le sujet. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la BAnQ.
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